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La faïencerie de Samadet est fondée vers 1730, par l'abbé Charles Maurice du Bouzet de Roquépine.

Celui-ci était devenu baron du lieu en 1724, en rachetant aux autres héritiers les biens dépendant de la succession d’une cousine. Jeanne de Geneste, baronne de Samadet, Mant et Monségur, entre les bourgs d’Hagetmau et Geaune, entre Chalosse et Tursn

Soucieux de rentabiliser son domaine, il profite de l’abondance du bois des nombreuses forêts de la baronnie, de l’eau abondante, et de la qualité de l’argile locale, de nature à fournir la matière première. Une tuilerie est d ailleurs déjà établie. L’étain et le plomb nécessaires viennent alors d’Angleterre.

Produisant à l’origine des pièces communes, mais riche et bénéficiant de relations et d’appuis familiaux à la Cour (sa mère est nièce du ministre Michel Le Tellier, marquis de Louvois,), il obtient, le 27 mars 1732, le privilège royal pour vingt ans lui permettant de créer ainsi la « Manufacture royale de Fayance »…avec armes du Roi et portier à livrée de sa majesté.



La faïencerie connaît un développement rapide. Sa prospérité et sa renommée sont alors dues au talent des artistes et ouvriers venus d’autres manufactures, comme son premier directeur Daniel Le Pâtissier, spécialiste venu de la manufacture de Bordeaux, et le peintre Pierre Chapelle venu de Rouen

La production abondante et florissante dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, jouit alors d'un grand renom dans le sud-ouest. Des magasins sont établis principalement à Bayonne, Dax et Aire, puis Auch, Cahors, La Rochelle, Montauban, Toulouse. Les expéditions les plus lointaines sont acheminées par l’Adour depuis Saint-Sever vers le port de Bayonne.

Samadet concurrence alors à moindre coût les faïences de Rouen et de Delft et surtout de Bordeaux



Le privilège royal est reconduit en 1752. A la mort de son fondateur la faïencerie devient la propriété Louis Chauvelin son légataire universel (neveu du ministre) avant de revenir, en 1756, à l’héritier naturel, Louis d’Astorg, marquis de Roquépine, un neveu.

Le Patissier est assassiné en 1758 par ses ouvriers. La direction passe alors à Pierre Simon Vaudoyer, son neveu, jusqu’en 1764, puis à son associé Jean Darbins. Michel Dubroca leur succède


Apres le décès du marquis d’Astorg, la baronnie et sa faïencerie dont le privilège a été reconduit, sont vendues en 1784 au baron Jean Dyzès, Conseiller au Parlement de Navarre . Son frère en devient le régisseur.



À la veille de la Révolution, la faïencerie emploie encore une trentaine d’ouvriers, mais commence alors une période de déclin. Les ouvriers qualifiés disparaissent, la main d’œuvre n est plus que locale, et la production n est faite que de pièces ordinaires ou grossières


Nommé directeur en 1810, Pierre Duviella essaye, face à la concurrence de la porcelaine et de la faïence fine anglaise, de relancer la qualité

A la mort de Dyzès, devenu riche et comte d’Empire, sa fille Jeanne Marie Caroline qui a épousé le vicomte de Poudenx, seigneur de Saint-Cricq en 1816 est seule héritière. Mais celle-ci passe les trente dernières de sa vie dans une maison d’aliénés à Cadillac en Gironde, où elle meurt

Le bail de la fabrique est renouvelé en 1830. Mais les directeurs se succèdent et le déclin se poursuit. La manufacture cesse progressivement son activité de 1831 à la fermeture en 1840, et, en 1842, les bâtiments sont vendus,.puis démolis.





Samadet a produit de la vaisselle de table (assiettes, plats, légumiers, verrières, moutardiers, etc.), de salon (bouquetières, bougeoirs, écritoires, bibelots, etc.), de toilette (bassins, pots à eau, plats à barbe, etc.).

Ces créations ne portent aucune marque particulière indiquant la provenance, et restent, sauf exceptions, anonymes et non signées et très peu sont datées. La plupart des plats et assiettes se distinguent cependant au revers par trois points en triangle, marques des pernettes sur lesquels ils ont reposé lors de la cuisson.

La production se reconnaît à son émail blanc, épais, supportant un décor inspiré souvent des motifs et couleurs en vogue dans d'autres régions, comme Rouen et surtout Moustiers. Ces décors polychromes allient au mauve du manganèse, le bleu, le jaune et le vert

Les sujets les plus représentés sont des motifs floraux (œillets, tulipes, roses, myosotis, fleur de chardon, bleuets, boutons d’or …). Trois types de bouquets caractérisent Samadet, dont le plus célèbre se compose d'une rose manganèse et d'un œillet.

Mais on trouve aussi, selon les époques et la mode, des décors d’animaux (oiseaux, palombes, papillons …), des personnages ou des scènes de la vie rurale en camaïeu bleu, ou vert, des grotesques, des décors chinois.

Un musée départemental de la faïence et des arts de la table est créé en 1968 par l'association Comité de la Faïencerie qui en a fait don au conseil Général des Landes en 1998. Outre une présentation didactique de l’évolution historique de la céramique, il y présente plus de 200 pièces issues de ses fours au XVIIIe siècle.